L’Express, ce grand cours malade
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Le 20 décembre, Alain Weill et Clément Delpirou se sont exprimés sur l’avenir de L’Express, devant le Comité d’entreprise.
QUE SERA L’EXPRESS ? Le président d’Altice France, Alain Weill, a donné sa vision de L’Express, soulignant qu’il a longuement rencontré Jean-Louis Servan-Schreiber (le frère du fondateur). « Il faut une ligne éditoriale plus claire, moins généraliste, plus haut de gamme ». « Publier moins de papiers, mais plus approfondis », « plus d’enquêtes, d’analyses et d’investigations », « L’Express doit publier des opinions, en s’appuyant plus sur sa rédaction que sur des collaborateurs extérieurs. » « L’hebdomadaire doit être plus identifiable. » Le projet devrait être présenté en janvier pour une mise en oeuvre à l’été. D’ici là, « le site gratuit demeure indispensable pour attirer de futurs abonnés ». La direction envisage de changer le jour de parution du magazine afin qu’il soit lu par les lecteurs le week-end.
QUI DIRIGERA L’EXPRESS ? Alain Weill souhaite communiquer en janvier un organigramme provisoire ou définitif de la rédaction, avec un nouveau directeur. « Le vote de la SDJ rend très peu réaliste un recrutement externe d’un journaliste en poste. » Clément Delpirou a précisé le rôle de Philippe Jannet (DG délégué) : « Il porte le projet de transformation éditoriale, il pilote l’éditorial, à l’exception des hors-séries (Arthur Fouvez). Je souhaite qu’il me remplace comme directeur de la publication. Il a vocation à échanger avec les journalistes, à participer aux conférences de rédaction, s’il le souhaite. » Celui-ci a indiqué qu’il le fera « ponctuellement ».
DES SUPPRESSIONS DE POSTES ? Alain Weill et Clément Delpirou persistent à ne pas exclure une réduction des effectifs. « Chercher à revenir à l’équilibre est important, répond Alain Weill. A défaut, nous nous mettons en danger. » Le déficit passerait de 8 à 15 millions d’euros, de 2017 à 2018, pour un chiffre d’affaires qui chute de 61 à moins de 50 millions. D’où la recherche de diminutions de coûts : papier, impression, hébergement digital, salaires… La direction devrait, là aussi, se prononcer en janvier.
Malheureusement, comme c’est le cas depuis plusieurs années, la direction joue la montre. Les négociations salariales annuelles, qui devraient avoir lieu de novembre à décembre, démarreront seulement le 11 janvier. Malgré le déficit annoncé pour 2018, une relance réussie de L’Express ne pourra pas être obtenue sans réelle et large progression des rémunérations. La CFDT et la CGT demandent une augmentation générale de 2,5 % pour tous, y compris les pigistes. Et une revalorisation spécifique en faveur des salariés des services mutualisés L’Express–Libération. Quant à la « prime de 1 000 » annoncée par la direction, sans précision sur les bénéficiaires, nous refusons qu’elle soit utilisée comme « monnaie d’échange » dans la négociation.
Représentants du personnel de Groupe L’Express et sa filiale AMP
3 janvier 2019