Chers actionnaires, En écrivant ces quelques lignes, je me rappelle mon entrée chez Spir en 2007. A l’époque, nous avions le vent en poupe ! Le groupe générait plus de 650 millions d’euros de CA et les dividendes coulaient à flots. Tout le monde s’accordait même à dire que c’était une pompe à fric, la vache-à-lait de Ouest France…
Seulement huit ans plus tard, les compteurs du groupe n’affichent plus que 436 millions de CA et enregistrent chaque jour 100 000 € de pertes !
Que s’est-il passé ? Qu’avez-vous fait, chers actionnaires, de notre avenir prometteur ?
Les salariés, eux, font la part du colibri. Toujours aussi impliqués dans leur travail, ils s’attèlent à la tâche, essayant tant bien que mal d’éteindre le feu qui menace Spir, tel le colibri transportant l’eau dans son bec pour sauver la forêt des flammes. Mais vous actionnaires, quand ferez-vous votre part pour éteindre cet incendie ? C’est pourtant votre manque de vision et de projet durant toutes ces années qui nous ont conduits à ce brasier ! Désormais au pied du mur, vos seules armes sont les plans sociaux et le changement chronique de Directeur général. Mais ceux qui se sont succédés à ce poste n’ont apparemment pas eu plus de clairvoyance que vous. Est-ce qu’une personne ayant eu des démêlés avec la justice, dernièrement nommé, en aura davantage ? Au vu de son parcours tristement célèbre, il n’y a que peu de doutes.
Nous avons besoin de garanties, nous voulons être rassurés sur l’avenir pour travailler sereinement et dans une ambiance saine. Nous ne voulons plus assister à la souffrance de nos collègues qui restent sur le carreau et dont leurs familles entières subissent vos mauvais choix.
Vous qui prônez les paroles de Christ, il semble que, par vos actions au sein du groupe Spir, vous les bafouez ! Les militants du christianisme social auraient-ils fait place aux militants misanthropiques ? Pensez à vos prochains, ressaisissez-vous !
Jusqu’en 2012, Adrexo réalisait la majeure partie du chiffre d’affaires de Spir Communication. Depuis, les résultats sont en baisse, liés à une dégradation du volume des imprimés publicitaires et à une guerre tarifaire suicidaire avec son concurrent Mediapost.
Un accord sur le Plan de sauvegarde de l’emploi prévoyant la suppression de 734 postes salariés permanents (sur 2 566) a été voté le 30 octobre 2014 (comité d’entreprise) par les syndicats, à l’exception de la CGT Filpac Adrexo qui a voté CONTRE. La direction d’Adrexo veut faire partir un salarié permanent sur quatre (employés et cadres administratifs), ce qui implique la fermeture de 130 centres sur 250. Cette restructuration touche de plein fouet tous les distributeurs. Des centres vont être transformés en simple « Points relais ou Satellites ». Mais un second plan social « caché » pour les distributeurs arrive. Il prévoit de licencier la moitié de ses effectifs, soit plus de 10 000 salariés. En quelques mois, plus de 2 000 distributeurs ont déjà démissionné. Pour les cadres et les employés, les pressions diverses et le harcèlement moral deviennent monnaie courante.
Un protocole électoral qui supprime 96 titulaires et 96 suppléants DP ainsi qu’un accord droit syndical qui balaie d’un revers de main plus de 200 délégués syndicaux de dépôt (droit syndical signé par toutes les organisations syndicales sauf par la Filpac-CGT). Cela signifie moins de moyens pour défendre les droits de tous les salariés.
Pour les salariés qui distribuent les journaux gratuits (20 minutes), la menace est tout aussi réelle. Cette activité de diffusion est en danger. De plus, les conditions de travail imposées aux chauffeurs vont dégrader leur pouvoir d’achat et leur charge de travail.
La mécanisation s’accélère notamment en Ile-de-France et Rhône-Alpes. Pour les distributeurs, nouvellement embauchés, obligés d’accepter la mécanisation dans leur contrat de travail, cela signifie plus de préparation à faire. Cela a pour conséquence de les forcer à prendre des secteurs de distributions supplémentaires pour compenser cette perte financière. De plus, les distributeurs refusant l’augmentation de leur temps de travail hebdomadaire, due à l’ANI prévoyant un temps de travail minimal de 24 heures, sont menacés de licenciement.
Le 19 janvier 2016, le conseil d’administration de Spir Communication, a décidé, sur proposition du Président, Patrice Hutin, de nommer Patrick Puy (60 ans), dit « le nettoyeur », au poste de Directeur général du Groupe, en remplacement de Thierry Vallenet. Il sera en charge de la poursuite de la transformation du groupe ». Effectivement, Thierry Vallenet avait ouvert la marche. Ses résultats insuffisants selon les actionnaires, c’est Patrick Puy qu’on appelle en renforts. Sa nomination ne laisse rien présager de bon pour Spir. Rappels rapides du parcours de ce monsieur qui se plaît à rappeler qu’il est né le jour de la bataille de la Bérézina.
En 2007, il prépare la fusion du fabricant de jouets avec l’américain MGA. Résultat = 800 salariés licenciés.
En 2009, il est nommé Directeur de Manuest. Résultat = destruction de 900 emplois sur 1 200. En 2010, Vogica déposera le bilan. La Voix du Nord rappelle d’ailleurs les propos des anciens salariés : « Patrick Puy était un killer. Il était venu pour dégraisser à mort. Il a fait son plan et il est parti. C’est un dur à cuire qui laisse une image détestable ».
Ce sera plutôt un éléphant dans un magasin de porcelaine : il organise les premiers licenciements de l’histoire de la marque, créée en 1825.
Plus de 3 500 licenciements pour finir par un dépôt de bilan.
Il aura l’audace de demander, aux Prud’hommes, 176 000 euros d’indemnités de licenciement car il dit avoir été salarié, avant et après son mandat de PDG pendant 3 semaines et 3 jours, justifiant ainsi sa requête.
Il explique que dans son métier, « il ne faut pas penser au développement de l’entreprise car, après, ce n’est pas lui qui va la gérer ». Recommandation entendue par son prédécesseur Thierry Vallenet qui, au-delà d’avoir organisé des PSE, n’a apporté aucune solution. Preuve en est. Mais laissons-le préciser sa pensée : il affirme que « les pouvoirs politiques les aident parfois sur des sorties de crise en matière de négociations sociales ». Pas de surprise quand on connaît les relations étroites de son patron et associé Raymond Soubie (proche de Nicolas Sarkozy) avec le/les différents gouvernements.
« Mon métier c’est de vendre », dit-il et il le prouve avec Moulinex-Brandt. « Si on veut libérer l’emploi, autorisons tous les patrons à licencier 3 % des effectifs sans autre forme de procès. » « Ce n’est pas en protégeant les employés qu’on protège l’emploi », sur BFM Business. Il se vente lui-même d’être « un presse purée » et parle même de « Bad Boy » quand il se présente à son arrivée chez Adrexo.
Vidéo de 1 minute 47 à regarder absolument. Intervention de Patrick Puy (DG de Spir Communication) à propos des managers de transition. https://lc.cx/4YWv
Un « Bad Boy », un voyou ? C’est en tout cas ce qu’on soupçonnait lorsqu’il a été mis en examen pour banqueroute, présentation de faux bilan, abus de confiance, ainsi que pour avoir puisé dans les comptes près de 83 millions d’euros en faveur de Moulinex et au préjudice de sa société-fille Brandt. L’affaire se soldera par un non-lieu : « il faut accepter de faire des choses pas morales, pas normales, pas justes », dit-il lors d’un entretien alors qu’il présente son métier. Alors Monsieur Hutin ? Il est loin le temps des convictions humanistes !
Quatre plans de sauvegarde de l’emploi en seulement deux ans, doux euphémisme pour parler de vagues de licenciements. En 2015, il a démantelé et vendu IPS. Soit un total de 1 000 salariés licenciés chez Spir. Etrange définition du mot « transformation ». Nous l’avions présenté comme le Liquidator dans l’Alerte à Spir en mars 2014. Peut-être avions-nous été trop optimistes au vu du résultat ! Nous ne sommes pas inquiets pour lui. Nous sommes persuadés que ce salarié d’Alixio retrouvera une autre mission rapidement. Mais il est vrai qu’avec un salaire de 45 000 € par mois, versés par Spir pourtant en difficultés, il devrait quand même être difficile de retrouver le même niveau de rémunération…
Alixio, représente le « Manpower » des managers de transition. Oui, vous avez bien entendu ! Que ce soit Thierry Vallenet ou Patrick Puy, nos chers DG ne sont même pas salariés de Spir, mais des prestataires de service, extérieurs à notre groupe. Espérons pour eux qu’ils ont une prime de précarité (sic). Depuis 2013, Raymond Soubie se trouve à la tête de cette entreprise. Il se présente comme un expert en gestion des ressources humaines et des politiques sociales.
Entre 2007 et 2010, il est conseiller « social » du Président Sarkozy. Ancien membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), il est écouté d’une oreille attentive auprès des milieux politiques de droite comme de gauche, pour soi-disant moderniser le modèle social français. Force est de constater qu’il bénéficie d’un certain talent pour détruire et non pour créer des emplois. Les agissements de ce personnage dans le passé en disent long sur les méthodes de management cautionnées par les gouvernements successifs.
L’arrivée de Patrick Puy à la Direction générale et la nomination de Patrice Hutin comme Président du Conseil d’administration marquent un changement de cap. De nouveaux positionnements s’annoncent encore une fois sans réelle stratégie à long terme et toujours plus durs pour les salariés. Sans être devin, elle aura sans nul doute des conséquences catastrophiques pour les salariés dans les mois qui viennent.
Notre groupe s’est converti à une nouvelle religion : l’affacturage. Elle s’est imposée depuis trois ans pour Adrexo et Régicom, et depuis un an pour Concept Multimédia. Cette méthode, pour le moins coûteuse, consiste à confier à un organisme de crédit spécialisé la gestion de ses créances dans le but d’obtenir un remboursement anticipé. Qu’est-ce que cela signifie ? Spir a besoin de cash. Des rumeurs persistantes font état de graves problèmes de trésorerie au sein du groupe Spir. Si cette situation se confirmait, elle impacterait gravement l’avenir de toutes les filiales. Dans ces circonstances, c’est donc la seule solution d’appoint pour se financer. C’est d’ailleurs souvent le dernier recours pour des entreprises, à la santé financière précaire, qui sont par exemple rejetées par les financements bancaires traditionnels.
Le problème majeur de CMM, c’est la situation très difficile de Spir Communication qui navigue en eaux troubles. Le groupe emporte notre société, seule filiale bénéficiaire, dans les abysses. Sans solution alternative crédible, les autres sociétés sont de plus en plus dans le rouge. Malgré des discours optimistes en direction de la bourse – voir Le Figaro du 28 juillet 2015 –, Spir ne sera jamais à l’équilibre pour 2016. Les faits sont malheureusement têtus. Le diagnostic est simple : sans aucune décision stratégique, sans véritables investissements, Spir ne pourra jamais sortir la tête de l’eau. Un autre effet collatéral : les exigences de notre « affactureur » poussant à la réduction des délais d’encours de nos clients. Cette action aura pour conséquence directe d’augmenter le nombre de contentieux. Cette année risque donc d’être très compliquée, voire décisive.
La vérité est ailleurs ! Le groupe breton semble vouloir couper les ponts avec Spir. En effet, les mouvements capitalistiques en sont le témoin. S’il rachète les 22 % que Spir (SofiOuest) détenait dans Précom, la régie publicitaire d’Ouest France, ce n’est pas le fruit du hasard. Cette opération pour le moins anodine scinde le Groupe Sipa/Ouest France en deux. L’objectif est double : constituer un cordon sanitaire autour de Spir pour éviter tout risque de contamination et effectuer un repli stratégique pour reconstituer une nouvelle machine à cash avec sa méga Régie Addity (Précom + OFM – Web agency –). En parallèle, la presse du groupe connaît des perspectives peu encourageantes avec une baisse régulière de diffusion du quotidien (– 3,1 % en 2015) et, à horizon 2018, il pourrait voir disparaître plus de 20 % de ses revenus publicitaires, avec la fin des annonces légales. Pour les actionnaires, il est donc temps d’agir rapidement. Les difficultés de notre groupe peuvent accroître ses difficultés et anéantir ses perspectives d’avenir.
Va-t-on assister à un démantèlement brutal ou à la mutation de Spir dans le 100 % digital, avec la grande majorité des salariés qui resteront sur le carreau ? C’est une question légitime que chaque salarié peut se poser au vu de la situation.
Nous sommes conscients qu’il n’y a pas de solution unique, mais des solutions globales. L’heure n’est donc pas à chercher à s’apitoyer sur notre sort. L’heure est à trouver des réponses positives pour tous les salariés.
Les actionnaires ont un rôle déterminant. Ce sont eux, et eux seuls, qui prennent toutes les décisions lors des assemblées générales. Il est essentiel d’ouvrir un dialogue constructif avec eux.
Face à la menace de nouveaux plan de licenciements et à la violence sociale qui s’annonce, nous réclamons des formations adaptées pour tous les salariés et une Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC) ambitieuse.
Le groupe doit se réinventer. C’est une question de survie ! Arrêtons d’investir dans le passé, investissons enfin dans le futur. Il est urgent que le groupe Ouest France investisse massivement dans les métiers de demain et dans les nouveaux marchés.
Il faut un changement culturel pour remettre le groupe sur la voie de la réussite. En effet, beaucoup de décisions prises en haut se sont soldées par des échecs retentissants depuis plusieurs années. Il faut enfin donner la parole à tous les salariés. Il faut mettre sur pied des groupes de travail sur le mode collaboratif. Les solutions viendront d’en bas. Nous devons capitaliser sur les connaissances et les expertises des salariés. Ce sont eux qui ont une bonne connaissance du terrain, des clients et du marché, qui représente la vraie solution.
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