Groupe Ouest-France : Compte-rendu de réunion du comité de groupe du 7 juillet 2022
- Publié le
Les experts du cabinet Secafi, qui nous aident à comprendre la situation financière du groupe Ouest-France ont présenté en début de réunion « une très belle démonstration de résilience de la capacité du groupe en 2021, surtout après une séquence de stress-test subie en 2020 ». Le chiffre d’affaires a connu un rebond en 2021, « mais ne permet pas de retrouver le niveau de 2019 ».
Le cabinet rappelle que la « la dépendance à la pub est forte pour pouvoir maîtriser le prix de vente des journaux ». En plus de l’explosion du prix du papier. Louis Echelard, directeur du Groupe Sipa Ouest-France le confirme : « la hausse tarifaire accélère l’érosion des ventes ». La patron du groupe a rappelé : « on ne s’adresse pas à un public parisien de haut revenu. Nous sommes ancrés dans les territoires et nous voulons nous adresser à un lectorat populaire. Or, si on augmente le prix de vente de nos journaux pour rattraper notre retard sur l’excédent brut d’exploitation (EBE), on réduit la diffusion. Cela veut donc dire que nous acceptons d’être à un niveau d’EBE inférieur, et si cela se poursuit, cela veut dire qu’il faut accepter de baisser notre niveau d’investissement ».
Le Groupe mise sur le développement des abonnements numériques qui viennent (un peu) corriger l’érosion des abonnements papier. Toujours est-il que, jusqu’alors, l’investissement continue dans les filiales, en témoigne l’acquisition de nouveaux locaux du siège de Publihebdos.
Le siège social actuel de Publihebdos, situé rue du Breil, est propriété de Sofiouest qui souhaite engager un programme de rénovation de ses locaux. Faute de place sur le site d’Ouest France (il faudrait accueillir 55 personnes visiblement), Publihebdos a acheté trois étages et demi dans un immeuble dont la construction vient de s’achever, de l’autre côté, au 261 rue de Chateaugiron à Rennes. Coût de l’investissement : 2,6 millions d’euros. Déménagement prévu à la fin de l’été. Pour Louis Echelard, le patron du Groupe, « c’était la meilleure des solutions ». Les autres locataires du 13 rue du Breil, eux, vont rejoindre « la tour » de Ouest France ou l’immeuble Additi (le grand bâtiment blanc). « Donc on optimise nos services ».
Nous avons interrogé la direction du groupe sur la question du stationnement des salariés du siège de Publihebdos, dans les futurs locaux, alors que le déménagement est prévu pour la fin de cet été. En effet, il n’y aura que quelques places de parking en sous-sol (au nombre de 26 selon la dernière communication Intranet de Sipa Ouest-France) et d’après nos informations, des discussions seraient en cours avec Ouest France pour accueillir potentiellement des véhicules des salariés de sa filiale. Louis Echelard répond que Publihebdos a effectivement posé la question : « on a dit qu’on attendait pour voir si on pouvait accueillir une trentaine de véhicules supplémentaires, mais nous n’avons pas trouvé de solution à date ». Un élu de Ouest France le confirme : « le parking de Ouest France, c’est blindé ! »
Le Groupe espère un nombre de véhicules moindre avec le télétravail, mais encore faudrait-il que le télétravail soit autorisé dans tous les services de Publihebdos. Selon nos calculs également, ce n’est pas avec un jour de télétravail par semaine permis, que les besoins en stationnement vont diminuer de moitié. La direction du Groupe évoque aussi la pratique de nouvelles mobilités comme le covoiturage qui tend à se développer sur la métropole de Rennes. Louis Echelard le répète : « C’est parfois par la contrainte qu’il faut trouver des solutions alternatives. Chacun doit apporter des solutions pour la planète ». Pourtant, aux dernière nouvelles, la direction de Publihebdos ne semble pas encore ouverte au développement de vélos électriquesdans les rédactions, par exemple.
Jusqu’en mars 2023, le parking actuel de Sofiouest rue du Breil pourra toujours être utilisé par les salariés de Publihebdos, « qui peuvent traverser à pied par Ouest-France pour rejoindre la rue de Chateaugiron » assure la direction du Groupe. « ça laisse quelques mois de latitude » commente le directeur du Groupe.
Nous avons toutefois demandé confirmation : est ce que les 26 places de stationnement dans les futurs locaux de Publihebdos seront attribués à la « chefferie », comme on nous l’a rapporté ? Réponse de la direction : « actuellement, il n’y a pas de places attribués, ce serait curieux de faire machine arrière ». Précisant au passage que des emplacements seront toutefois réservés aux visiteurs.
Le changement de mutuelle au profit d’une mutuelle commune à tous les salariés du groupe, est toujours dans les cartons. Les trois candidats retenus ont rendu leurs copies : il s’agit de Harmonie Mutuelle (en lien avec la mutuelle Ouest-France), Audiens et Axa. Maud Levrier directrice déléguée Ouest France explique que les propositions tarifaires et les offres de service sont assez similaires. « On a demandé un complément d’informations sur des points à préciser mais cette première étape nous confirme déjà qu’on ne va pas obtenir d’économie massive. L’objectif est bien de nous sécuriser dans le temps, par cet effet de massification, et ainsi se prémunir de la pression des assureurs qui veulent augmenter les taux. Nous avons déjà eu par exemple des demandes de hausse de taux de 15 % ».
Après réception des précisions et ajustements demandés, « la cellule DRH du groupe va procéder à une annotation et voir quel acteur se dégage, et ainsi faire des préconisations à la direction Groupe à la rentrée, avant une présentation aux CSE des différentes filiales ». La direction est accompagnée par un courtier indépendant pour faire son choix.
La prévoyance doit obligatoirement être mise en place au 1er janvier, « donc il faut se décider quelques mois avant, le temps de dénoncer les anciens contrats », bien que le régime santé, lui, puisse intervenir « à tout moment dans l’année ». Mais aucune date n’est fixée pour le moment.
L’équipe des RH de Ouest France aurait déjà travaillé sur cette question générale, de quoi faire le lien avec les cas de harcèlements sexuels révélés dans la récente expertise pour risque grave à Publihebdos. Le groupe est partant pour associer Additi, Publihebdos et les journaux de Loire à ce dossier, l’idée étant « d’avoir une forme de mutualisation au niveau des moyens, chacun restant mettre de son calendrier ». Si le médecin du travail est partie prenante dans cette démarche, nous nous sommes étonnés que les référents harcèlement sexuels (côté salariés) ne soient pas encore dans la boucle. Mais Maud Levrier se défend : « c’est juste une première étape de mise en commun, côté RH ». Au gré de la discussion, nous avons abondé dans le sens d’une création d’une commission harcèlement sexuel à l’échelle du groupe, qui traiterait des cas et qui permettrait un accompagnement des salariés victimes, et ainsi apprendre des situations des uns et des autres. Cela pourrait aussi permettre aux salariés qui souhaitent libérer leur parole de le faire dans un groupe plus général, qui sort des frontières de l’entreprise. Louis Echelard a souscrit : « il faut avancer sur ces sujets-là et s’inspirer des expériences des autres ».Le directeur du Groupe Sipa a aussi précisé : « bien sûr, il faut compter sur l’implication des élus du personnel, et notamment les référents harcèlement qui sont indispensables ».
La réunion aborde ensuite la question de la responsabilité éditoriale et Louis Echelard évoque la richesse des contenus des journaux du groupe permise en partie par le travail des correspondants, soulignant au passage les difficultés « à en trouver ». « On peut réfléchir tous ensemble et avoir une vision groupe sur ce sujet ». Bonne idée ! Nous avons suggéré de commencer par une harmonisation des grilles de correspondants à l’échelle du groupe, rappelant au qu’un CLP de Publihebdos, payé par exemple 8 euros l’article, croise un CLP de Ouest France sur le même sujet, qui lui est payé double, cela pose questions. Si Louis Echelard avait l’air de découvrir un tel écart de rétribution, il précise que les CLP de Ouest France trouvent déjà qu’ils ne sont assez rémunérés. La direction du Groupe estime difficile pour une filiale, financièrement parlant, de s’aligner sur la grille de Ouest-France. En effet, c’est bien ce nous déplorons : s’il n’y a pas de volonté politique de consacrer un budget à ces personnes qui remplissent nos journaux, le problème du « recrutement » ne sera jamais résolu. Mais ouf, ils peuvent compter sur la considération de Louis Echelard : « nous tenons au statut des CLP qui sont essentiels à leur pays, et on ne veut pas les assimiler à des influenceurs ». Sympa, même si ça ne suffit pas toujours à remplir le frigo à la fin du mois…